Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/145

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proche. Massa Will l’avait d’abord attrapé, mais il l’a bien vite lâché, je vous assure ; — c’est alors, sans doute, qu’il a été mordu. La mine de ce scarabée et sa bouche ne me plaisaient guère, certes ; — aussi je ne voulus pas le prendre avec mes doigts ; mais je pris un morceau de papier, et j’empoignai le scarabée dans le papier ; je l’enveloppai donc dans le papier, avec un petit morceau de papier dans la bouche ; — voilà comment je m’y pris.

— Et tu penses donc que ton maître a été réellement mordu par le scarabée, et que cette morsure l’a rendu malade ?

— Je ne pense rien du tout, — je le sais[1]. Pourquoi donc rêve-t-il toujours d’or, si ce n’est parce qu’il a été mordu par le scarabée d’or ? J’en ai déjà entendu parler, de ces scarabées d’or.

— Mais comment sais-tu qu’il rêve d’or ?

— Comment je le sais ? parce qu’il en parle, même en dormant ; — voilà comment je le sais.

— Au fait, Jupiter, tu as peut-être raison ; mais à quelle bienheureuse circonstance dois-je l’honneur de ta visite aujourd’hui ?

— Que voulez-vous dire, massa ?

— M’apportes-tu un message de M. Legrand ?

— Non, massa, je vous apporte une lettre que voici.

Et Jupiter me tendit un papier où je lus :

  1. Calembour. I nose pour I know. — Je le sens pour Je le sais. — C. B.