Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/351

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de l’état du malade. Le poumon gauche était depuis dix-huit mois dans un état semi-osseux ou cartilagineux, et conséquemment tout à fait impropre à toute fonction vitale. Le droit, dans sa partie supérieure, s’était aussi ossifié, sinon en totalité, du moins partiellement, pendant que la partie inférieure n’était plus qu’une masse de tubercules purulents, se pénétrant les uns les autres. Il existait plusieurs perforations profondes, et en un certain point il y avait adhérence permanente des côtes. Ces phénomènes du lobe droit étaient de date comparativement récente. L’ossification avait marché avec une rapidité très-insolite, — un mois auparavant on n’en découvrait encore aucun symptôme, — et l’adhérence n’avait été remarquée que dans ces trois derniers jours. Indépendamment de la phtisie, on soupçonnait un anévrisme de l’aorte, mais sur ce point les symptômes d’ossification rendaient impossible tout diagnostic exact. L’opinion des deux médecins était que M. Valdemar mourrait le lendemain dimanche vers minuit. Nous étions au samedi, et il était sept heures du soir.

En quittant le chevet du moribond pour causer avec moi, les docteurs D… et F… lui avaient dit un suprême adieu. Ils n’avaient pas l’intention de revenir ; mais, à ma requête, ils consentirent à venir voir le patient vers dix heures de la nuit.

Quand ils furent partis, je causai librement avec M. Valdemar de sa mort prochaine, et plus particulièrement de l’expérience que nous nous étions proposée.