Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/353

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ment après : « Je crains bien que vous n’ayez différé trop longtemps. »

Pendant qu’il parlait, j’avais commencé les passes que j’avais déjà reconnues les plus efficaces pour l’endormir. Il fut évidemment influencé par le premier mouvement de ma main qui traversa son front ; mais, quoique je déployasse toute ma puissance, aucun autre effet sensible ne se manifesta jusqu’à dix heures dix minutes, quand les médecins D… et F… arrivèrent au rendez-vous. Je leur expliquai en peu de mots mon dessein ; et, comme ils n’y faisaient aucune objection, disant que le patient était déjà dans sa période d’agonie, je continuai sans hésitation, changeant toutefois les passes latérales en passes longitudinales, et concentrant tout mon regard juste dans l’œil du moribond.

Pendant ce temps, son pouls devint imperceptible, et sa respiration obstruée et marquant un intervalle d’une demi-minute.

Cet état dura un quart d’heure, presque sans changement. À l’expiration de cette période, néanmoins, un soupir naturel, quoique horriblement profond, s’échappa du sein du moribond, et la respiration ronflante cessa, c’est-à-dire que son ronflement ne fut plus sensible ; les intervalles n’étaient pas diminués. Les extrémités du patient étaient d’un froid de glace.

À onze heures moins cinq minutes, j’aperçus des symptômes non équivoques de l’influence magnétique. Le vacillement vitreux de l’œil s’était changé en cette