Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/482

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naturelle, est à peu près égale au volume d’eau douce qu’il déplace. Les corps des individus gras et charnus, avec de petits os, et généralement des femmes, sont plus légers que ceux des individus maigres, à gros os, et généralement des hommes; et la pesanteur spécifique de l’eau d’une rivière est quelque peu influencée par la présence du flux de la mer. Mais, en faisant abstraction de la marée, on peut affirmer que très-peu de corps humains seront submergés, même dans l’eau douce, spontanément, par leur propre nature. Presque tous, tombant dans une rivière, seront aptes à flotter, s’ils laissent s’établir un équilibre convenable entre la pesanteur spécifique de l’eau et leur pesanteur propre, c’est-à-dire s’ils se laissent submerger tout entiers, en exceptant le moins de parties possible. La meilleure position pour celui qui ne sait pas nager est la position verticale de l’homme qui marche sur la terre, la tête complètement renversée et submergée, la bouche et les marines restant seules au-dessus du niveau de l’eau. Dans de telles conditions, nous pourrons tous flotter sans difficulté et sans effort. Il est évident, toutefois, que les pesanteurs du corps et du volume d’eau déplacé sont alors très-rigoureusement balancées, et qu’un rien suffira pour donner à l’un ou à l’autre la prépondérance. Un bras, par exemple, élevé au-dessus de l’eau, et conséquemment privé de son support, est un poids additionnel suffisant pour faire plonger toute la tête, tandis que le secours accidentel du plus petit morceau de bois nous permettra de lever suffi-