Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/217

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certain air de gravité, de dignité et d’autorité fait pour produire une vive impression.

Mon ami me présenta et expliqua mon désir de visiter l’établissement ; M. Maillard lui ayant promis qu’il aurait pour moi toutes les attentions possibles, il prit congé de nous, et, depuis lors je ne l’ai plus revu.

Quand il fut parti, le directeur m’introduisit dans un petit parloir excessivement soigné, contenant, entre autres indices d’un goût raffiné, force livres, des dessins, des vases de fleurs et des instruments de musique. Un bon feu flambait joyeusement dans la cheminée. Au piano, chantant un air de Bellini, était assise une jeune et très-belle femme, qui, à mon arrivée, s’interrompit et me reçut avec une gracieuse courtoisie. Elle parlait à voix basse, et il y avait dans toutes ses manières quelque chose de mortifié. Je crus voir aussi des traces de chagrin dans tout son visage, dont la pâleur excessive n’était pas, selon moi du moins, sans quelque agrément. Elle était en grand deuil d’ailleurs, et elle éveilla dans mon cœur un sentiment combiné de respect, d’intérêt et d’admiration.