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SCOLIES

Si peu de vers si espacés mais où le poète a su entière affirmer sa vision poétique, fallait-il les réduire encore ? oui, pour ne donner au lecteur nouveau attiré par ce titre des poèmes, que merveilles. Ainsi presque pas un des vingt morceaux qui ne soit en son mode un chef-d’œuvre unique, et ne produise sous une de ses facettes, éclatante de feux spéciaux, ce qui toujours fut pour Poe, ou fulgurant, ou translucide, pur comme le diamant, la poésie. Divers fragments intimes et mondains, avec des jeux d’imagination d’importance moindre, font suite à ce premier choix, intitulés par nous (peut-être irrévérencieusement) : Romances et vers d’album.


Telle une division de l’ouvrage, que nous avons osé préférer à l’autre fournie par la perspicacité de J. H. Ingram, par Poe lui-même indiquée, en poèmes de la Virilité et poèmes écrits dans la Jeunesse. Maints vers juvéniles comptent à nos yeux parmi les plus beaux et s’installent au lieu abandonné par certaines pièces de relief insuffisant pour garder leur lustre, en traduction.

L’œuvre lyrique tient seule et toute dans ces pages, fermées à des poèmes narratifs ou de longue haleine : essais d’un esprit avant que sur lui ne régnât une esthétique suprême, d’inévitable tyrannie.