Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 8, 1931.djvu/33

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étude qu’il a fait préparer sur les futures opérations de la guerre, ainsi que de notes annexes relatives à l’armement russe, au recrutement britannique, à la situation des boucliers à fer existant aux armées et à la consommation des obus. Après la séance, je lui écris pour lui demander communication de ces notes, dont il m’a été impossible de retenir tous les détails. Dans ce très important travail, Gallieni expose qu’il y a peu de chances de percer le front allemand en France et que mieux vaut chercher la décision dans les Balkans avec vingt corps d’armée alliés. Le ministre prend donc, en réalité, une position contraire à celle du général en chef. Une assez vive discussion s’engage immédiatement. Briand et Ribot inclinent dans le sens de Gallieni. Freycinet soutient que le front principal reste le front français. Léon Bourgeois estime qu’il s’agit d’une question de mesure. On doit agir sur les deux fronts, sans en négliger aucun. Mais Freycinet insiste. Il veut qu’on décide d’abord si l’on fera l’effort principal ici ou en Orient, et il demande que la question soit soumise, un jour prochain au conseil de la défense nationale. Il en est ainsi décidé.

Au commencement de l’après-midi, je reçois Messimy, qui vient d’être promu colonel et qui m’expose ses vues personnelles. Elles concordent, sans qu’il le sache, avec celles de Gallieni ; pas d’offensive en France et action en Orient aussitôt que possible. Il est très irrité contre le commandant en chef à propos des dernières^ opérations d’Alsace.

Je rends ensuite leurs visites à Dubost et à Deschanel. Le premier se plaint de l’attitude de Clemenceau ; le second me dit que la Chambre se