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LA VICTOIRE

Le président Wilson vient d’envoyer à la Chambre des Représentants une adresse très favorable aux Alliés, dans laquelle il a parlé de la réparation due à la France par l’Allemagne pour l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Cette adresse paraît avoir été très favorablement accueillie.

En Conseil, longue discussion sur le fret. Loucheur et Clemenceau exposent que l’Angleterre, qui a peur de toucher à son commerce, ne tient pas ses engagements, qu’elle ne fournit pas le tonnage nécessaire, que nous manquons notamment de nitrate et de manganèse et que si cette situation persiste, il deviendra impossible de continuer la guerre. Et Clémentel a déjà passé six semaines en Angleterre et il projette un nouveau voyage avec Loucheur. À leur tour, Victor Boret et Lebrun comptent traverser la Manche.

Voyages intéressants mais qui n’aboutissent jamais et qui, d’après Paul Cambon, étonnent beaucoup les Anglais.

Élection des bureaux des Chambres : Dubost me fait sa visite officielle. Il me raconte que des amis de Ribot avaient essayé de porter leur voix sur celui-ci, non pas dans l’espoir de le faire nommer cette année, mais pour prendre date en vue de la prochaine élection présidentielle du Sénat.

J’avais vu hier, dans la Liberté, un article très vif contre Ribot à propos de cette campagne, mais je le croyais inspiré par Briand, qui depuis l’affaire Lancken a excité Berthoulat contre Ribot. Dubost m’affirme que Ribot lui-même, en s’expliquant devant lui aujourd’hui sur les intentions qu’on lui prêtait, a paru très embarrassé. Clemenceau a été au courant de l’intrigue et s’est jeté en travers. Ribot n’a eu que deux voix.

De Selves, de son côté, en a recueilli cinq. Au total, il n’y a eu qu’une trentaine de suffrages contre Dubost.