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LE COMMANDEMENT EN CHEF


Mercredi 3 avril.

Albert Thomas m’informe qu’à la demande de Bissolati, il doit partir ces jours-ci pour l’Italie, où se tient un Congrès consacré à la discussion des questions yougo-slaves. Il me prie de n’en pas parler à Clemenceau qui, déclare-t-il, est animé d’intentions peu amicales envers lui. Paul Cambon avait eu l’idée de lui faire conférer en Angleterre le commissariat des transports et importations. Bouisson le lui avait également proposé. Mais, après en avoir référé à Clemenceau, Bouisson a dit à Thomas : « Il n’y a rien à faire pour toi en ce moment ; Clemenceau ne veut rien entendre. »

Freycinet, qui vient me voir, est préoccupé de trois questions : l’unité de commandement ; la nécessité d’augmenter les effectifs dans tous les pays alliés ; la nécessité de ne pas laisser couper les unes des autres les armées alliées.

Au temple de l’Oratoire, obsèques de M. Henri Strochlin, secrétaire de la Légation suisse, et de sa femme, tués à Saint-Gervais le vendredi saint. J’assiste avec Mme  Poincaré à la cérémonie. Émouvante allocution du pasteur Roberty.


À sept heures du soir, Clemenceau revient de Beauvais, très content. « Je suis, dit-il, parti avec Mordacq et il m’a donné une bonne idée. Il m’a rappelé qu’en 1814 la coalition avait confié au commandant en chef autrichien la « direction stratégique » de la guerre. J’ai préparé un papier pour donner la même autorité à Foch et je l’ai montré à Lloyd George et à Pershing. Pershing a tout de suite accepté ; mais Lloyd George a demandé à réfléchir. Wilson a fait des objections. Haig a paru favorable. Finalement, Lloyd George a proposé lui-même une nouvelle rédaction que voici. Elle