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LA VICTOIRE

bataille continue depuis plusieurs jours. Nous revenons aux autos, nous les reprenons et déposons le général Mangin à La Faloise. Partout, magnifique moral des troupes et accueil empressé. Retour par Breteuil, où je cause encore quelques instants avec Debeney qui est très confiant et a une fort belle allure de chef. Puis à Méru par Beauvais.

À Méru, je m’arrête au Q.G. de Micheler qui, me dit-il, n’a encore qu’un embryon d’armée : deux divisions sur neuf. Il craint que les Anglais ne nous fassent prendre trop de front et ne nous empêchent d’attaquer. Il est très préoccupé de notre recul à Coucy, dont Pétain me disait ce matin que c’était chose insignifiante. Rentrée à Paris vers huit heures et demie du soir.

Sainsère me téléphone à minuit qu’Ignace est venu pour me voir, que les première révélations de Bolo sont intéressantes. Mais je n’ai aucun détail.


Mardi 9 avril.

Pellerin de Latouche, nommé président de la Compagnie transatlantique, ami et défenseur de Caillaux, affecte une grande amabilité envers moi. Il se plaint, mais sans amertume, de la réquisition faite à sa société par Bouisson pour la durée de la guerre. Il croit qu’elle ne profitera pas à l’État et ne hâtera pas les constructions. Mais il se résigne.

Le ministre du Siam me présente le général de brigade Phya Bijaë et m’annonce la mission militaire du Siam, qui doit venir avec un millier d’hommes combattre sur le front français.


Mercredi 10 avril.

Painlevé vient causer avec moi de la situation militaire.