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RAIDS D’AVIONS SUR PARIS

Freycinet m’envoie le général Mordacq qui est allé aujourd’hui voir Foch et Fayolle et revient très satisfait. Foch croit que les attaques sur Armentières et sur Coucy sont des diversions destinées à détourner nos réserves de la direction d’Amiens. C’est toujours vers Amiens que sont massées le plus grand nombre des divisions allemandes. Foch a confié au général Maistre une armée qui aura mission de couvrir Amiens et d’appuyer au besoin les Anglais au nord de la Somme. Micheler, dont l’armée est en formation, prendrait ultérieurement l’offensive au sud sur l’aile gauche de l’ennemi.

Herbillon me donne malheureusement des renseignements moins favorables. Les Anglais ne tiennent pas dans le secteur d’Armentières et l’attaque allemande y est très sérieuse.

Ignace m’apporte les premières dépositions de Bolo. Il n’y a pas encore eu de confrontation et, par conséquent, rien n’est encore bien décisif. Bolo a cependant déclaré que c’était lui qui avait donné à Caillaux l’argent du Bonnet rouge.

Encore des morts et des blessés à Paris. Je me rends avenue Jean-Jaurès et rue Riquet, à l’hôpital Lariboisière.

M. Dunant, ministre de Suisse, vient me remercier d’avoir assisté aux obsèques du secrétaire de la légation. Il me rapporte que Sharp lui a exprimé l’opinion que la guerre ne serait pas finie avant deux ou trois ans et il en est un peu effrayé pour son pays qui est, dit-il, en pleine disette et qui manque même de lait.

Me  Le Crosnier, avocat à la Cour de Rouen, me parle d’une grâce. Puis, visite de Jean Dupuy.

Dubost, qui a reçu une nouvelle lettre de Micheler, est de plus en plus convaincu que son général devrait être général en chef et qu’il est seul digne de cet emploi. Micheler craint qu’on n’épuise