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LA VICTOIRE

Visite à Bruay, à Nœux-les-Mines, à Marles. Je cause partout avec les délégués mineurs. Nœux est constamment bombardé. On travaille sous le feu à des restaurations quotidiennes, qui sont sans cesse anéanties et sans cesse recommencées. Les mineurs, dont l’attitude est parfaite, me remercient chaleureusement de ma visite. Le plus important des délégués, Maës, figure énergique et ouverte, me dit : « On a besoin de nous en ce moment pour faire des tranchées de première ligne ; nous sommes prêts à les faire. Si on nous demande sous les drapeaux, nous prendrons un fusil. »

La matinée est employée à ces visites réconfortantes. Nous revenons à Saint-Pol, où j’exprime mes sympathies aux deux adjoints de la municipalité, envoyés par le maire.

Nous reprenons notre train et y déjeunons. Il nous conduit à Doullens, où nous sommes attendus par le général Maistre, commandant de la 10e armée. Il se plaint beaucoup de l’inertie et de l’incompréhension des Anglais. Son armée est actuellement composée de quatre divisions, qui viennent d’arriver à leurs cantonnements et qui sont destinées, deux à appuyer les Anglais entre Arras et la Somme, deux autres, au besoin, vers Béthune pour contribuer à la défense du bassin minier.

Entre Arras et la Somme, les Anglais ont déjà neuf divisions en première ligne et cinq en réserve, alors que Douglas Haig nous disait l’autre jour n’avoir plus une seule division en réserve.

Dans un quadrilatère assez étendu aux environs de Doullens, nous visitons les cantonnements de quatre divisions. Contrairement à mes recommandations réitérées, on a partout rangé une compagnie d’hommes. Un régiment, le 83e, a même défilé tout entier devant moi au moment où il allait entrer dans le village où il cantonnait. Ma