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LA VICTOIRE

mais que pour finir, la question serait soumise au Comité de Versailles. Il en sera de même pour les retraits de Salonique, au sujet desquels Clemenceau va, du reste, consulter Guillaumat. Enfin, en ce qui concerne les effectifs anglais, Clemenceau avait voulu envoyer en Angleterre deux colonels chargés de se renseigner sur les ressources qu’on pouvait trouver dans l’armée britannique. Fleuriau a écrit ce matin à William Martin que cette armée comprenait plus d’un million d’hommes. Clemenceau a eu un renseignement analogue. Mais Milner a protesté contre l’idée d’une mission envoyée en Angleterre. Clemenceau va essayer de se renseigner par notre attaché militaire et la question sera ensuite soumise, elle aussi, au Comité de Versailles qui se tiendra mercredi ou jeudi, non à Versailles, mais à Abbeville.

Pams m’envoie à la signature la nomination d’Autrand à la préfecture de la Seine.


Dimanche 28 avril.

J’ai oublié de noter que Clemenceau m’a dit hier : « Je suis forcé de battre en retraite dans l’affaire Denvignes. On m’a fait remarquer que j’avais épuisé mon droit disciplinaire. J’ai, en effet, donné les arrêts à Denvignes au moment où je le poursuivais et même j’ai excédé le délai réglementaire. Il a eu soixante-six jours d’arrêt et je n’en pouvais donner que soixante. Si je lui en infligeais de nouveaux, il aurait, paraît-il, un recours, même devant le Conseil d’État ; il faut donc que je sois d’autant plus réservé. — Oui, lui dis-je, il est assez sévèrement puni pour une imprudence. — Oh ! je ne le tiens pas quitte. Il est général à titre provisoire ; je vais lui enlever ses étoiles, cela lui sera très pénible, mais tant pis » — et je sens que Clemenceau pense : « tant mieux. »