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LES PRISONNIERS DE GUERRE

se déclare très satisfait. Je fais expressément toutes réserves. Je rappelle les objections du général en chef. Je m’étonne qu’on ait laissé Pasqual, renvoyé en France dans les conditions les plus suspectes, avec une mission allemande, se flatter dans les journaux d’avoir obtenu la signature de ces accords. J’exprime la crainte que nous ne soyons tombés dans un piège. Pichon et Jeanneney assurent que nos négociateurs n’ont eu aucune initiative, qu’ils n’ont fait qu’obéir à des instructions rigoureusement élaborées à Paris et approuvées par le président du Conseil. J’ignore tout de ces instructions. Je sais seulement que Clemenceau n’a eu ni le temps ni le goût d’étudier lui-même un dossier aussi compliqué, qu’il s’en sera rapporté à Jeanneney, que Jeanneney ne connaissant pas les objections du général en chef et ignorant la longue série des difficultés autrichiennes, n’a pu étudier le problème sous toutes ses faces.

Un article de Cachin dans l’Humanité consacré à l’affaire Sixte insinue qu’on aurait pu faire la paix. Thomas disait assez timidement hier le contraire dans l’Information. Thomas et Cachin font tous deux partie de la sous-commission chargée d’examiner le dossier.

Thomas se plaignait hier, d’un ton très ennuyé, d’être attaqué par les minoritaires, « Mais tant mieux pour vous, lui ai-je dit. — Non, ils diminuent mon autorité sur mon parti. — Ils accroissent votre autorité dans le pays. » Et je lui demande : « Est-ce que vraiment il y a dans votre parti des gens qui croient qu’on aurait pu obtenir de l’Allemagne l’Alsace-Lorraine par les bons offices de l’Autriche, alors que l’empereur Charles demandait le secret sur ses intentions ? — Oui, il y a quelques minoritaires convaincus ; puis il y a les autres qui ne le sont pas, mais qui, pour