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LA VICTOIRE

avant le jour où je l’ai vu, c’est-à-dire avant le 5 mars, les buts de guerre du gouvernement tels qu’ils sont définis dans la lettre à Paul Cambon. William Martin, dont une note versée au dossier vise une note du comte Czernin, n’a jamais vu cette dernière. Il croyait que le prince nous l’avait remise, à Ribot ou à moi, en même temps que la lettre de l’Empereur. Mais le prince ne m’a ni remis ni lu cette note.

J’ai revu Pichon et William Martin après leur audition. Tout s’est, paraît-il, bien passé. Mais Cachin a pressé Jules Cambon sur les premières conversations qui avaient eu lieu avec le prince et dont la durée l’étonnait. Cambon a répondu un peu vivement : « On ne négocie pas comme on achète une vache. » Cachin, piqué, a déclaré qu’on lui manquait de respect.

Pichon a ensuite expliqué qu’il n’y avait jamais eu aucune occasion de faire la paix. Il a montré l’Autriche déjà belliqueuse en 1913, puis provoquant la guerre en 1914, puis l’empereur Charles et Czernin ayant deux attitudes, l’une publique, l’autre secrète.

Longue visite de Dubost, qui revient de l’Isère.

Gustave Lyon, associé de Pleyel, un de mes anciens condisciples de Louis-le-Grand, vient me parler de l’inspecteur général Cordonnier, inventeur des obus rayés.

Le lieutenant-colonel en retraite de la Croix-Laval, qui organise une journée des Mères pour Lyon où il habite, me demande une souscription. Il me rapporte qu’Hinzelin, dans une conférence récente, a beaucoup ému l’auditoire en parlant de l’infamie qu’ont commise les Allemands en inhumant leurs morts dans mon cimetière familial de Nubécourt.

Paléologue vient me voir et m’apprend qu’un certain nombre de Russes habitant Paris, M. Ma-