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MAUVAISES NOUVELLES DE L’AISNE

manifeste surtout son énergie : il appelle cette manière de faire de l’impartialité.

L’après-midi, à Fontenay-aux-Roses, où sont tombés des obus. Visite aux blessés asile Ledru-Rollin et lycée Lakanal.

Un de mes amis du barreau, René Quérenet, m’amène son fils qui a été blessé et trépané et qui désire retourner au front.

Tardieu, rentré d’Amérique pour six semaines, se plaint toujours de l’anarchie et des contradictions des bureaux de Paris. Il estime que nous aurons en décembre 1 600 000 Américains au front, dont environ 900 000 combattants. L’Amérique tout entière est maintenant jetée dans la guerre. Les soldats et les officiers subalternes sont vite très bons. Mais les colonels et les généraux ne peuvent être formés que par nous. Tardieu est donc d’avis d’amalgamer les armées pendant plusieurs mois. Mais il ne faut pas enlever à l’Amérique l’espoir de constituer ensuite son armée indépendante, ce à quoi elle tient beaucoup.

M. Fontaine, inspecteur d’académie, vient me parler des jeunes Alsaciennes actuellement installées à l’école des filles boulevard des Batignolles.

Mauvaises nouvelles de l’Aisne. Nous avons perdu le chemin des Dames, les côtes. L’ennemi a même réussi à traverser la rivière. Une fois de plus, nous avons été surpris.

Et cependant le général de Maudhuy disait hier à Tardieu qui me l’a répété : « Je vais être attaqué ici. Je ne cesse d’en prévenir le Grand Quartier Général, qui ne veut pas le croire. » On avait des indices concordants, relatés dans les bulletins d’aujourd’hui : renseignements de prisonniers et de Français évadés. On ne s’est pas moins laissé surprendre.

À onze heures du soir, alerte. Du reste, fausse