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conversation avec foch

confinera dans l’étude des questions d’Orient, auxquelles le gouvernement britannique attache une importance croissante. Il craint même que sous peu Lloyd George ne tourne ses principaux efforts vers l’Asie Mineure pour y prendre des gages.

« Lloyd George, ajoute Foch, est arrivé à Versailles assez monté contre Clemenceau et répétant tout haut : « Nous n’entendons pas qu’il devienne le dictateur de la coalition. » Clemenceau, de son côté, a peut-être eu tort de s’irriter successivement contre les Belges et les Anglais. Il n’a pas, comme nous, vécu depuis quatre ans avec les Alliés et il ne les ménage pas toujours assez. Il leur porte ombrage, lorsqu’il va visiter leurs troupes comme si elles dépendaient du gouvernement français. Je tâcherai, continue Foch, de le lui faire comprendre. Ses visites aux armées lui font grand plaisir. Il y est bien reçu, il y éprouve des sensations agréables. Mais s’il veut, comme il est désirable, rester jusqu’à la fin de la guerre, il ne faut pas qu’il s’use par des démarches imprudentes. »

En ce qui concerne l’Italie, Foch est tout à fait opposé à une offensive italienne par le Piave et la plaine. Il l’a êciit fin juin au général Diaz. Il croit qu’il serait imprudent d’avancer par la Vénétie, qui est un couloir, alors que les Autrichiens tiennent les montagnes. Il recommande, au contraire, une action sur le Trentin.

Vers dix heures, je viens reprendre mon train à Mormant.


Jeudi 11 juillet.

Léon Bourgeois, qui revient de la 5e armée, m’apprend que Gouraud s’attend à une attaque ; il est très confiant, ainsi que Berthelot.

L’abbé Wetterlé et Wilmoth viennent tous deux me parler de la désorganisation des services d’Alsace-Lorraine au ministère de la Guerre ; ils me