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l’opinion du général pershing

tacuzène souhaiterait que la France créât une légion transylvaine et s’offrît à former à cet effet un comité roumain.

Notre offensive des 6e et 10e armées progresse aujourd’hui très lentement. Les contre-attaques allemandes l’enrayent. Le général de Mitry a commencé une attaque un peu au nord de la Marne, dans la direction du sud-nord, mais à cheval sur la Marne, de l’ouest à l’est, pour assurer d’abord son aile droite, et les officiers de liaison croient que l’attaque sud-nord n’aura lieu que demain. De ce côté aussi les Allemands résistent énergiquement.

Il y a eu hier et ce matin dans les Chambres et par suite dans la ville, un emballement de joie excessive, auquel la mobilité de Clemenceau ne paraît pas avoir été étrangère.


Samedi 20 juillet.

Clemenceau me communique une lettre du général Ragueneau, chef de la mission française militaire auprès de l’armée américaine, lettre rapportant une conversation récente de Pershing. « Il ne faut pas, disait celui-ci, que les Alliés se laissent prendre aux avances possibles des Allemands, en vue d’obtenir, après l’insuccès de leurs attaques, une paix de compromis. Si les Allemands veulent la paix, ce n’est pas le moment de la leur accorder. L’homme qui a commis un crime doit subir son châtiment. Il doit en être de même des nations qui ont commis des crimes. Aucun pourparler ne doit être engagé avant que les Allemands aient subi leur châtiment, qui doit leur être infligé sous la forme militaire. C’est donc en ce sens que j’agis auprès de mon gouvernement. Je suis assuré, d’ailleurs, que le président Wilson est du même avis. J’espère que dès l’automne de cette année, les Américains seront assez nom-