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Quant à l’autre repli qu’ils viennent d’effectuer sur l’Avre, il a été exclusivement motivé par l’attaque que préparait le général Debeney en liaison avec les Anglais et qui se trouve ainsi déjouée.

Avec Berthelot, d’abord à Hautvillers, où le général Marquiset occupe le château de l’abbaye, parc magnifique et vaste terrasse d’où l’on domine toute la vallée de la Marne.

De là, nous allons par Nanteuil, visiter le champ de bataille et d’abord Marfaux, Chaumuzy et des villages qui ne sont plus que des ruines fumantes. Partout des trous d’obus, des pierres amoncelées, des arbres renversés, des munitions abandonnées par les Allemands.

Par la route de Dormans à Reims, nous venons jusqu’au-dessus de Pargny-les-Reims d’où nous découvrons la cité martyre, couverte par endroits de fumées tourbillonnantes, Brimont, la vallée de la Vesle, le massif de Saint-Thierry, des villages en feu. Partout des éclatements.

Par Châtillon, Dormans, Reuilly, Crezancy, Artonges, je retrouve mon train et prends congé du général Berthelot. Pétain monte dans mon wagon et dîne seul avec moi.

Rentrée à Paris le lendemain 5 août à huit heures du matin. Le général Guillaumat m’attend à la gare. Il croit que les Allemands préparent, faute d’effectifs, un repli plus général.


Lundi 5 août.

Après un long silence, la « Bertha » recommence ce matin à frapper les environs de l’Élysée : Esplanade des Invalides, avenue Marceau. Le tir paraît avoir été modifié.

Visite de Clemenceau, que je n’ai pas vu depuis mardi dernier. « Je ne sais plus par où commencer, me dit-il, tant j’ai d’arriéré. D’abord, voulez-vous