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voyage à Brest. Il me signale que M. Blumenthal, frère américain de l’excellent Alsacien de Colmar, laisserait entendre aux États-Unis que l’Alsace accepterait le plébiscite.

Dubost, qui part pour quelques semaines, vient me faire ses adieux.


Vendredi 9 août.

Chekri Ganem se plaint à moi des intrigues arabes et britanniques qui se développent en Syrie. Il croit nécessaire d’envoyer des troupes ; il voudrait aussi qu’on aidât financièrement le comité syrien qu’il a formé. Je fais part de sa démarche à Pichon et à Clemenceau. Pichon promet d’examiner la question avec bienveillance ; mais la Syrie n’intéresse pas Clemenceau.

Clemenceau vient, très optimiste, rayonnant, mais toujours hypnotisé par les questions de personnes. « Je ne veux pas médire de vos amis, mais Viviani tient de singuliers propos. Il déclare qu’il est étonné que le pays ne se soulève pas pour protester contre la condamnation de Malvy. Il a, d’autre part, dit à propos des victoires actuelles : « oui, mais elles nous coûtent cent mille hommes. » Puis Clemenceau continue à bâtons rompus. Il se plaint de Mangin, de Pétain, etc. Il ajoute : « Vous me demandez des représailles à propos du bombardement de Paris. J’ai vu Duval à ce sujet. Il déclare qu’il a besoin de nouvelles escadrilles pour des bombardements d’intérêt militaire. Il faut donc attendre encore et opérer en masse dans quelques semaines, lorsque nous en aurons les moyens. Orlando se rend compte que ni ici, ni à Washington, ni à Londres, sa demande de divisions américaines ne sera bien accueillie et il hésite à poser la question devant le Comité de Versailles. En tout cas, s’il la pose, la solution négative est certaine. En revanche, j’ai fait une politesse à