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exceptions, notamment pour les fils de Doumer. Dubail croit que la décision du Conseil n’est pas fondée. Napoléon lui-même a décoré des morts. Il me demande si je vois un inconvénient à ce qu’il essaie de faire revenir le Conseil sur sa décision. Je réponds : « Aucune objection, s’il s’agit de personnes civiles ou militaires tuées par l’ennemi. »

Sharp me présente une délégation du Comité naval du Congrès des États-Unis, présidée par M. Paget.


Dimanche 11 août.

À huit heures du matin, départ en auto avec le général Duparge. Nous nous rendons successivement, par Clermont, Saint-Just, à Breteuil et à Conty, poste de commandement du général Debeney, chef de la 1re armée. J’exprime à celui-ci mes félicitations pour lui et pour ses troupes. Il me dit qu’hier, dans la journée, il a eu l’impression que « cela allait craquer » du côté de l’ennemi ; mais il est arrivé devant Roye trois nouvelles divisions allemandes, dont une fraîche, et il y a eu, ce matin, une sérieuse résistance. C’est la bataille. Debeney croit qu’il la gagnera, et il en a, dit-il, les moyens, bien qu’il n’ait pas autant de tanks qu’en désirerait l’infanterie. Il ajoute, du reste, que le gain de la bataille n’entraînera pas une décision, mais il pense que les Allemands se replieront un peu en arrière, s’établiront sur une nouvelle position, y resteront quelques semaines et feront ensuite un repli plus important.

De Conty, nous nous rendons à Sarcus, où le maréchal Foch s’est réinstallé en vue des opérations actuelles. Il est très satisfait de la tournure que prennent les choses et croit les Allemands assez bas. Il a l’intention de continuer à les tenir à la gorge. Il demandera aux Américains de « donner » à leur tour, car nos troupes sont fatiguées