Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/321

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de l’Arsenal. J’ai invité les officiers français et alliés qui attendaient à la gare ainsi que MM. Fortin et Simon. L’après-midi, une vedette portant mon pavillon nous conduit, sur une eau calme et bleue comme la Méditerranée d’un beau jour, à un aviso, l’Yser, qui nous attend en rade et sur lequel nous nous embarquons pour Camaret. L’arrivée au joli bourg de pêcheurs qu’est Camaret est très pittoresque : les habitants endimanchés sont tous sur le pas de leur porte et nous font fête. Nos autos nous conduisent, au-dessus du Goulet, à des batteries d’où nous voyons arriver, avec son escorte de torpilleurs, un long convoi côtier, précédé de son ballon captif. Le temps est ravissant, la mer splendide.

Nos autos, cette fois-ci découvertes, filent sur des routes bordées de fougères et d’ajoncs ; çà et là, des groupes de femmes, de jeunes filles, d’enfants, nous saluent, nous sourient, nous acclament et nous remettent des bouquets de bruyères. Nous redescendons sur la rade de Brest et nous retrouvons notre vedette à un débarcadère où arrive un bateau chargé de monde en villégiature. Vivats, acclamations sans fin.

Notre vedette nous conduit ensuite à l’Yser, mouillé plus loin, et nous remettons pied sur l’aviso pour y procéder à une expérience d’écoute de sous-marins, avec des appareils nouveaux. Nous suivons l’expérience du haut de la passerelle. Un flotteur traîné par le sous-marin permet le contrôle. L’Yser, dirigé par les indications des hommes d’écoute, trouve sans peine le gisement du sous-marin. Je descends ensuite avec Leygues dans la cabine de l’écoute et je me fais expliquer le fonctionnement de l’appareil par un quartier-maître breton appelé Ternisien, qui me donne des explications lumineuses et auquel je laisse une montre comme souvenir.