Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/335

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Claveille, avant le Conseil, s’arrête dans le cabinet de Sainsère et, après un éloge enthousiaste de Clemenceau, lui dit que j’ai accompli un grand acte en appelant ce dernier au ministère. En Conseil, aucune question générale ni même aucune question importante n’est, cette fois encore, engagée. Clemenceau commence par un nouveau jeu de massacre. Comme le Conseil général du Rhône n’a pas voté d’adresse de félicitations au gouvernement, il s’en prend à Rault, préfet, qu’il accuse d’être un partisan de Caillaux et de chercher à désunir le gouvernement. Ensuite, il s’en prend à Saint, le nouveau préfet des Bouches-du-Rhône, dont il parle avec la même hostilité. Le pauvre Pams, exécutant les instructions de Clemenceau, a apporté au Conseil la liste complète des départements qui ont voté des adresses et des cinq ou six qui se sont abstenus. Parmi ces derniers, il cite le Puy-de-Dôme et les Pyrénées-Orientales. Pour le Puy-de-Dôme, s’il n’y a pas eu d’adresse, Clémentel a fait un discours très favorable au gouvernement et au président du Conseil. Pour les Pyrénées-Orientales, Pams, qui en est représentant, ajoute : « Dans ce département, la situation est très difficile ; le Conseil général est très divisé. J’ai peut-être eu tort de n’y pas faire un discours, mais j’ai voulu éviter des incidents. Je m’en excuse. » Pams fait littéralement pitié. J’espérais que son humilité désarmerait Clemenceau, mais tout au contraire, celui-ci réplique : « Je n’accepte pas les explications de M. le ministre de l’Intérieur ; » et par un lapsus singulier, Clemenceau appelle même Pams président du Conseil. Il continue : « M. Pams a été élu président par le Conseil général des Pyrénées-Orientales, y compris la voix de M. Dalbiez. Cela lui donnait assurément l’autorité nécessaire pour parler net. Son silence est d’autant plus fâcheux que M. le ministre de