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VISITE À COMPIÈGNE

Les Anglais ont paru à Loucheur assez surexcités, d’une part à cause de la manière dont le colonel Roure s’était acquitté de sa mission, d’autre part à cause du ton des lettres de Clemenceau.

Je parle à Loucheur de l’aviation de bombardement. Clemenceau a dit hier qu’il était prêt à faire bombarder les villes allemandes. Il a si bien évolué dans cette question qu’il parle maintenant de « détruire Francfort » ; c’est, dit-il, « le nid ». Seulement le général Duval, chef de l’aviation au G.Q.G., déclare qu’il n’y a pas assez d’avions en ce moment. Mais Loucheur croit que Duval est peu disposé à faire des raids sur des villes allemandes.


Dimanche 8 septembre.

Briand paraît décidément converti aux idées de Clemenceau. Interviewé par le Journal, il déclare qu’il a toujours cru à la victoire et il se félicite que nos troupes soient sorties de leur immobilité néfaste. Briand a, sans doute, voulu se mettre au diapason de l’opinion, c’est très bon signe.


Mercredi 11 septembre.

Départ de bonne heure en auto, avec le colonel Bonnel, de ma maison militaire. Je m’arrête à Compiègne toujours désert et bombardé par avions toutes les nuits. Les généraux Fayolle et Humbert nous attendent. Je regarde avec eux, sur la place du Château, des canons de calibres variés, pris à l’ennemi par la 3e armée, et je monte en auto avec Fayolle, toujours simple, modeste et précis. Il m’explique d’abord que les divisions de la 3e armée dont le nombre a été progressivement réduit à mesure que le front s’est raccourci, vont passer à la 1re, et que le général Humbert,