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LA VICTOIRE

Klotz soumet à ses collègues un projet d’emprunt qu’il m’a exposé : type 4 pour 100. Pas de limite fixée. Les coupons russes de l’année pourront être versés comme argent comptant jusqu’à concurrence de moitié des souscriptions. Le Conseil accepte.

Clemenceau, qui est allé à la gare au-devant d’Orlando, revient au Conseil et parle des Italiens avec véhémence. Il déclare qu’à la fin de la guerre nous serons forcés de nous battre avec eux.

Après le Conseil je dis à Pichon qu’il ferait bien de conseiller à Clemenceau de tenir au Conseil un langage plus prudent.

Le commandant Lelong, qui revient de Russie, envoyé par Noulens, dit qu’avec 20 000 hommes environ à Arkangel, dont la plupart américains, on y constituerait des forces suffisantes pour rétablir l’ordre de proche en proche jusqu’à Moscou. Il croit que les Bolchevistes n’ont qu’une puissance éphémère et qu’un autre pouvoir ferait vite boule de neige. Malheureusement les Russes sont incapables de l’installer eux-mêmes[1].


Mercredi 18 septembre.

Jeanneney me fait signer un décret instituant une délégation générale du ravitaillement auprès du maréchal Foch. Clemenceau vient ensuite me dire qu’il a vu Orlando. Celui-ci lui a déclaré que si Foch insistait pour l’offensive italienne, elle aurait lieu. Ensuite, le président du Conseil parle des croix demandées pour la Marne par Léon Bourgeois, Vallé et Montfeuillard. Il n’est guère disposé, dit-il, à donner satisfaction à des adversaires du gouvernement, surtout à Léon Bourgeois que Clemenceau honore d’une aversion particulière.

  1. Voir Joseph Noulens, Mon ambassade en Russie soviétique. (Plon, éditeur.)