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LA VICTOIRE


Samedi 21 septembre.

Pachitch m’arrive, accompagné de Fontenay. Avec sa difficulté de parler français, il m’explique tant bien que mal qu’il ne lui est pas aisé de constituer un ministère de coalition, à cause des exigences des partis. Il me répète que les Yougoslaves sont prêts à demander leur rattachement à la Serbie. Toutes les concessions leur ont été faites à Corfou sur l’égalité des religions devant la loi serbe.


Mardi 24 septembre.

Conseil des ministres.

La séance commence par deux explosions de Clemenceau : « Je n’ai que deux choses à dire, Monsieur le Président ; la première, c’est qu’il y a à Paris la grève des midinettes. Elle serait déjà terminée si M. le ministre de l’Intérieur y employait le miel de son énergie. Je n’admets pas que des femmes se préparent à promener dans Paris des cortèges pacifistes. Il faut que ces grèves cessent. Second point : la grippe espagnole. Nous avons une épidémie grave en France et nous ne sommes pas renseignés. M. Mourier s’en occupe. Mais l’Intérieur n’a encore aucune statistique. Je demande que M. Pams se hâte de faire le nécessaire. »

Pams empoche ces observations sans sourciller, le sourire aux lèvres.

Pichon lit quelques télégrammes, notamment un sur la Syrie.

Pams propose encore quelques mutations parmi les préfets. Il dit ensuite qu’il a reçu une convocation de la Commission de la réforme électorale. Nouvelle explosion de Clemenceau : « Vous imaginez-vous que cette Chambre puisse voter cette réforme ? Elle n’a pas d’autorité pour cela. Ce sera l’œuvre de la législature prochaine. Je m’opposerai