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LES OPÉRATIONS MILITAIRES EN ORIENT

qu’il soit, aurait sans cesse des heurts avec Clemenceau.

Clemenceau m’envoie le projet d’ordre de mission à donner au général Guillaumat. Celui-ci serait envoyé pendant deux ou trois mois à Salonique avec le titre de commandant en chef, pour examiner où il est possible d’arrêter les opérations et comment on pourrait récupérer quatre ou cinq divisions franco-anglaises.

Sur le titre d’abord, je fais remarquer qu’un ordre de mission ne peut retirer la lettre de commandement de Franchet d’Esperey, qu’il faut un décret pour investir Guillaumat, un décret pour enlever, provisoirement ou non, le commandement à Franchet d’Esperey et que la combinaison hybride qui est proposée peut être grosse de difficultés. Alby répond qu’il est difficile, sinon impossible, de donner des instructions écrites et détaillées à Franchet d’Esperey lui-même, que Guillaumat qui connaît le pays est tout indiqué pour les porter, mais que vis-à-vis des Alliés, il convient qu’il ait le titre de général en chef. Alby reconnaît du reste qu’on ne peut procéder que par voie de décret. Il m’explique ensuite que dans son idée et dans celle de Guillaumat, avec lequel il est d’accord, il ne s’agit pas d’empêcher l’exploitation prudente des succès actuels, mais il croit que l’opération sur Sofia serait difficile et coûteuse à cause de la presque impossibilité d’assurer le ravitaillement par la montagne. Il envisage au contraire la nécessité de pousser l’occupation jusqu’à Yuscub. D’autre part, il n’est pas question de renoncer à l’opération des Grecs sur la Struma, mais cela fait, on pourrait, croit-il, récupérer d’ici au printemps quatre ou cinq divisions franco-anglaises et les remplacer par des Hindous ou par un renforcement des Grecs et des Serbes. Je fais toutes réserves et le prie de demander à Clemenceau de réunir le