Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
362
LA VICTOIRE

lui confier simplement une mission pour examiner les mesures qui permettraient de renforcer les armées grecques et serbes et de diminuer les effectifs des armées franco-anglaises. Il n’aurait aucun droit de donner des ordres, il ne prendrait aucun commandement et il devrait en référer pour tout au gouvernement. La combinaison est évidemment plus régulière et moins dangereuse que la première. Je dis à Alby que je me félicite de ce changement.

Pichon revient peu après et m’annonce qu’il a vu Clemenceau et que celui-ci lui a amicalement reproché de m’avoir fait part de ses suppositions. Il a déclaré qu’il ne gardait aucune arrière-pensée, mais il est, a-t-il dit, lui-même, si ombrageux qu’il en est malade.

Une demi-heure après, Clemenceau me téléphone. Je m’imagine qu’il s’agit encore du même incident. Mais pas du tout. « Voulez-vous, me demande-t-il, une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

— Une bonne, de préférence.

— Eh bien, voici. Les Bulgares font camarade.

— Parfait, mais soyons prudents et méfions-nous.

— Oui, oui, bien entendu. Je vais venir chez vous avec Pichon, Guillaumat et Alby. Je vous apporterai le télégramme de Franchet d’Esperey et nous nous concerterons pour une réponse. »

Il arrive en effet avec Pichon, Guillaumat et Alby. Ils sont tous rayonnants. À la demande de Clemenceau, je lis tout haut le télégramme de Franchet d’Esperey. Il est ainsi conçu :


Salonique, 27 septembre, 2 h. 30.

« Très secret.

« Ce soir, un officier supérieur bulgare s’est présenté en parlementaire demandant de la part du