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LA VICTOIRE

perdent beaucoup. Enfin, Pétain est inquiet pour les munitions et se plaint de l’insuffisance des transports. J’engage Challe à saisir Clemenceau, Loucheur et Claveille, auxquels je parlerai encore de ces questions.


Lundi 30 septembre.

J’ai quitté Paris hier dimanche à neuf heures et demie du soir et suis arrivé ce matin à huit heures à Sainte-Menehould avec l’intention de faire une visite à l’armée du général Gouraud. Il m’attend sur le quai avec le général de Mondésir qui commande le 38e corps. Je félicite Gouraud des succès de son armée. Il s’excuse de ne pouvoir m’accompagner, forcé qu’il est de surveiller les opérations en cours. Je pars donc avec le général de Mondésir pour Ville-sur-Tourbe par La Neuville et Berzieux.

Je vais ensuite par les anciennes lignes allemandes jusqu’à l’observatoire de la Justice au point situé au sud de Cernay-en-Dornois. Il a été installé par les Allemands et savamment bétonné, ce qui ne l’a pas empêché de sauter hier par l’explosion d’une mine. C’est donc d’un monticule voisin, où je me rends en suivant les tranchées allemandes, que je vois la bataille engagée par le 38e corps auprès de Bouconville. Je remarque que notre artillerie tire abondamment tandis que les Allemands ne répondent pas.

Je reviens ensuite au poste de commandement du général Philippot, qui commande le 9e corps. Une série de cagnas en galeries sont creusées et un couloir couvert de planches nous conduit à une petite pièce où nous attend un déjeuner préparé par les soins de Gouraud. Nous mangeons d’excellent appétit, pendant que les bonnes nouvelles de la bataille arrivent au général Philippot. Gouraud est plein de confiance. Au moment où