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VISITE AU GÉNÉRAL GOURAUD

va finir le repas, un télégramme m’est annoncé par exprès. Nous attendons et il arrive, en effet, un télégramme chiffré de Sainsère. Le général Duparge et Herbillon le déchiffrent et le premier groupe découvert fait apparaître le mot armistice. Le télégramme que je viens de recevoir reproduit en effet celui du général Franchet d’Esperey à Clemenceau au sujet de Salonique et des Bulgares. Grande joie des convives de Gouraud. Lui-même est ravi et dit : « Voilà un déjeuner que je n’oublierai pas ; il restera historique pour moi ; » et il me rappelle qu’il y a trois ans, pendant que nous déjeunions ensemble, Pénelon m’avait annoncé le communiqué du jour et j’avais répondu : « À quoi bon ? Nous allons apprendre que nous avons fait sauter une mine et que nous avons occupé les lèvres nord d’un entonnoir » ; et en effet, c’était là tout le communiqué. « Quel chemin parcouru ! » dit Gouraud rayonnant.

Je me rends ensuite à Tahure par Perthes et je parcours les organisations allemandes de la butte de Tahure et de la vallée de la Dormoise. À trois heures trente, retour à Tahure par la route de Souain. Autres organisations allemandes. Enfin, retour à Châlons, par Suippes. Je reçois successivement dans mon wagon les parlementaires, Bourgeois, Vallé, Montfeuillard, qui ont appris par Gouraud mon passage et qui viennent me demander quand je pourrai apporter aux habitants de la Marne les décorations promises par le gouvernement. Je promets de m’entendre à ce sujet avec le cabinet et de venir le plus tôt possible.