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LA VICTOIRE

Cour. Clemenceau doit être satisfait de cette « victoire ».

Barthou me parle d’un projet qu’il a formé de rentrer au barreau. Je l’encourage. Il me lit une lettre délicieuse d’Anatole France sur Roujon.

Pichon vient, à la fin de la journée, excuser, me dit-il, le président du Conseil qui aurait voulu m’apporter lui-même les procès-verbaux de la conférence des Alliés.

Jeudi 10 octobre.

Mandel téléphone de la part de Clemenceau pour demander une réunion du Comité de guerre à dix heures. Bien entendu, j’accepte. Le Conseil lui-même se réunit à dix heures. Clemenceau y arrive aimable et souriant, comme si rien ne s’était passé. Il a convoqué Boret et Vilgrain.

Quelques propositions banales. Clemenceau approuve tout avec empressement. Il annonce ensuite comme une chose faite l’abdication de Guillaume II (il dit Frédéric II par lapsus) en faveur du prince Eitel. La nouvelle venait d’un coup de téléphone d’Annemasse et n’avait aucune certitude. Mais Clemenceau, aujourd’hui très optimiste, la considérait comme vraisemblable.

Il parle ensuite de « la légèreté de Lloyd George ».

Chekri Ganem se déclare très attristé des accords avec l’Angleterre, qui mutilent la Syrie ; mais, en revanche, il est très heureux de l’entrée de notre flotte à Beyrouth. Il voudrait être reçu par Clemenceau. Je l’engage à lui demander audience.

Dimanche 13 octobre.

Départ hier soir de Paris par la gare de l’Est. Le train s’arrête à Dugny, où je monte en auto avec Maginot. Il me raconte que tout le monde répète dans les Chambres et dans les salons :