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LA VICTOIRE

spécial à huit heures du matin. Je suis reçu par le préfet du Nord et le général Plumer. Une compagnie anglaise rend les honneurs. Je la passe en revue. Je félicite le général et les officiers des troupes alliées de leurs beaux succès quotidiens. Je monte ensuite en auto avec M. Delesalle, maire de Lille, et moins d’une heure après, nous entrons dans cette dernière ville par la porte de Canteleu. La population s’est portée en masse au-devant de nous. Un immense cri de « Vive la France ! Vive le président ! » retentit dans la foule. Lorsque je mets pied à terre devant la maison où se réunit la municipalité depuis la destruction de l’hôtel de ville, je puis à peine me frayer un passage. Je gravis au milieu des poignées de mains les marches du perron, je m’arrête et me retourne vers la place pour saluer la foule. Une musique militaire rangée au bas de l’escalier joue la Marseillaise. Toutes les têtes se découvrent. Civils et militaires entonnent à leur tour l’hymne national. Minute d’indicible émotion. Lorsque le silence se fait, je crie d’une voix forte : « Vive la France ! » et mon cri est répété par tous les assistants. Le temps s’est levé, le soleil brille, une lumière pure enveloppe la cité délivrée.

Puis, nous partons en automobile pour Roubaix. La population a, comme celle de Lille, pavoisé toute la ville et a même pris le temps d’élever, à l’entrée, un magnifique arc de triomphe. M. Lebas, député, maire de Roubaix, évacué il y a quelques mois par les Allemands et gardé par eux en prison pendant un an, m’attend à Roubaix. Devant l’hôtel de ville stationne une musique militaire anglaise qui joue la Marseillaise. Je gravis les marches du perron aux applaudissements de la foule et je donne l’accolade à M. Lebas et à l’adjoint qui l’a suppléé à la mairie pendant son absence. M. Lebas, l’adjoint, le président