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DEMANDE DE SUSPENSION DES HOSTILITÉS

la Bavière. Il ajoute que si l’Allemagne n’accepte pas toutes les conditions d’armistice, il est en mesure de continuer une guerre victorieuse et même de l’activer. Mais Clemenceau acceptera-t-il que Foch impose des conditions aussi étendues ?

Leygues me dit que sur ses instances, Clemenceau a consenti à ce qu’ordre fût donné à l’amiral Gauchet de faire entrer aux Dardanelles la flotte française immédiatement derrière la flotte anglaise, l’amiral anglais étant plus ancien. Il n’y aura pas une heure d’intervalle. En outre, si les Anglais mouillent dans la Corne d’Or, nous y mouillerons aussi avec des navires d’égales dimensions.

Jeudi 7 novembre.

Clemenceau arrive avec Pichon. Il est rayonnant et me dit : « Nous vous apportons une bonne nouvelle que nous n’avons pas voulu vous faire attendre. Lisez. » Il me tend le radio-télégramme du commandant allemand à Foch. « Vous voyez, dit-il, ils sont à nos pieds ; ils demandent qu’on cesse les hostilités tout de suite. » Je réponds : « C’est parfait s’ils acceptent toutes les conditions.

— N’en doutez pas, réplique Clemenceau. Mais il va sans dire que Foch n’a pas accepté l’idée de faire cesser immédiatement les hostilités.

— Il a raison. »

Puis, Clemenceau me parle des préliminaires de paix. « Vous avez vu que lord Cecil a annoncé en Angleterre que la conférence aurait lieu à Bruxelles ? c’est inadmissible. Je tiendrai bon. La conférence à Bruxelles, ce serait le roi Albert président. Le roi des Belges est beaucoup trop lent à comprendre. Je sais bien qu’on dit que je suis impulsif et brutal ; mais je vous assure que si je