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LA VICTOIRE

Clemenceau a pressenti ses collègues qui partagent cet avis. Il me demande mon assentiment. Je le lui donne volontiers. « Alors, répond-il, nous déciderons la chose en Conseil mardi.

— Oui, et nous pourrons remettre le bâton en Alsace dans quelques jours.

— Vous avez vu que la question du bassin de la Sarre est engagée. J’en ai parlé au colonel House. Je l’ai prié d’en dire quelques mots à Wilson et j’ai ajouté combien nos désirs étaient légitimes. J’aurais pu, d’ailleurs, passer outre, si Wilson avait été opposé, mais je préfère commencer par avoir une adhésion de principe. Wilson n’a pas fait de difficulté à ce que cette question fût posée. J’ai vu Paul Cambon ces jours-ci et je l’ai prié de prévenir le gouvernement anglais de notre revendication. Cambon a vu Harding et Lloyd George et de ce côté, tout va bien. Mais, comme j’avais demandé à Lloyd George de venir causer avec moi avant l’arrivée de Wilson, il m’a répondu qu’il était de retour en Angleterre, qu’il serait heureux de m’y voir, que j’y serais très fêté. Cela n’est pas ce qui me tente, mais je suis d’avis de répondre à cette invitation.

— Oui, dis-je ; il n’y a pas à hésiter. Vous serez très bien reçu et cela fera du bien à la France.

— Sans doute, mon voyage peut être utile, mais il nous empêchera de partir pour l’Alsace dimanche. Du reste, je crois, à la réflexion, qu’il vaut mieux ne faire qu’un seul voyage avec les Chambres.

— Soit ; mais alors il conviendra que personne n’aille en Alsace avant nous ; il y a une prise de possession que vous et moi, nous devons faire le plus tôt possible.

— Oui, mais nous pourrons partir vers le 1er, d’après ce que m’a dit Foch. Quant à Wilson, il est entendu qu’il n’assistera pas à la conférence.