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LE PRÉSIDENT MASARYK ET L’ÉMIR FEYÇAL

Dans la matinée, ma femme accompagne la reine dans une visite à l’église de Saint-Gervais et une autre à l’Hôtel-Dieu.

À midi et demi, déjeuner offert par M. et Mme Pichon aux Affaires étrangères.

À deux heures et demie, nous accompagnons le roi et la reine à l’Hôtel de Ville, où a lieu une grande et belle réception.

À sept heures trente, départ de Leurs Majestés à la gare des Invalides. Paris a fait aux souverains belges le splendide accueil dont ils étaient dignes.


Samedi 7 décembre.

Dans la matinée, Tardieu vient me dire qu’il voudrait que je réagisse autour de moi contre la sorte de méfiance qui commence à régner dans certains milieux parisiens à l’égard du président Wilson. Il croit qu’on peut avoir confiance en lui et qu’il ne nous créera pas de difficultés. Il ne trouve pas étrange ni mauvais que Wilson veuille siéger à la conférence. Tardieu m’expose ensuite ses vues personnelles sur les conditions de paix.

Dans l’après-midi, Masaryk, président de la République tchécoslovaque, vient me voir, très confiant dans l’avenir de son peuple. Il prévoit cependant des difficultés avec les Polonais et avec les Allemands d’Autriche. Il croit nécessaire d’assurer aux États enclavés des débouchés conventionnels, en franchise, par des ports maritimes.

L’émir Feyçal, jeune, très brun, beaux yeux noirs, vient avec Ben Gabrit comme interprète. Échange de politesses banales, puisque aussi bien, je ne puis toucher au fond des choses.

Visite de M. Deschamps, nommé sous-secrétaire d’État à la démobilisation. J’insiste pour qu’il résiste de son mieux aux demandes impatientes des Chambres. Il me le promet ; mais Cle-