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LA VICTOIRE

menceau déjà décidé de démobiliser tous les R.A.T. à partir du 20 décembre.


Samedi 7 décembre.

Départ pour Metz et Strasbourg avec une indicible émotion.


Samedi 14 décembre.

À neuf heures et demie du matin, nous allons, ma femme et moi, en victoria, à la gare de la Porte Dauphine. Foule enthousiaste. Nous descendons sur le quai pour attendre M. et Mme Wilson. Quand le train arrive et s’arrête, la porte de mon wagon-salon, prêté à Wilson, s’ouvre. Le président n’est pas prêt et ne descend pas. Il cherche, paraît-il, sa femme et son chapeau. Deux minutes d’attente. Enfin, il se présente à la porte et descend, suivi de Mme Wilson. Il a la physionomie plus ouverte, plus détendue que je ne le croyais. Sa femme est souriante. Nous échangeons en anglais quelques propos et je fais les présentations. Nous passons en revue la compagnie d’honneur. Wilson offre le bras à ma femme, moi à Mme Wilson et nous gagnons la sortie. Explosion d’enthousiasme. Wilson salue en agitant son chapeau en l’air à l’américaine. Il est ravi de l’accueil qui lui est fait. Les arbres de l’avenue du Bois, les balcons, les toits sont chargés d’un monde qui crie, qui siffle, qui applaudit. Le cortège passe par le pont Alexandre III, par le pont de la Concorde et remonte par le boulevard Malesherbes jusqu’à l’hôtel du prince Murât, où M. et Mme Wilson vont demeurer. Je les laisse entre les mains du prince Murat, Une heure après, ils viennent déjeuner à l’Élysée. Pendant le repas, Wilson me dit qu’il croit que la paix sera plus difficile à faire que la guerre.

Après le déjeuner, je porte un toast au président et je prononce l’allocution suivante :