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CLEMENCEAU À LONDRES

cependant résolu à soutenir Clemenceau. Il a déterminé Sarrail à rendre visite au président du Conseil.


Jeudi 14 mars.

Clemenceau est parti pour Londres. Nail, qui fait l’intérim, vient me voir dans la matinée et me met au courant de la situation générale.

Dumesnil, que j’ai prié de passer à l’Élysée, me renseigne sur les nouvelles dispositions prises pour la défense aérienne : constitution de treize zones autour de Paris pour l’artillerie de 75 et de 105, ballonnets autour de la ville et dans la ville, projections devant la ville, etc. Les avions du camp retranché, qui sont sortis sans résultat utile au premier raid, ne sont pas sortis au dernier. Aussi les avions allemands sont-ils descendus si bas que le ministère de la Guerre a pu être systématiquement encadré. On espère que les ballonnets empêcheront les Allemands de descendre sur leurs objectifs. Les avions français seront transportés au sud de la ville et sortiront au-dessus de la rive gauche, c’est-à-dire là où il n’y a pas de tir.

Mais nos tirs ne gênent guère l’ennemi et nos obus, en retombant, font des victimes. En réalité, jusqu’ici, aucun moyen de défense n’est efficace. Je ne compte, quant à moi, que sur les représailles. Mais la majorité de la Chambre y est opposée, d’après Dumesnil, et c’est ce qui explique la nouvelle attitude de Clemenceau.

L’Humanité publie un long article en faveur de Caillaux et essaie de justifier ses relations avec Bolo.

Mon confrère et très cher ami Maurice Bernard me raconte que Briand, dans un déjeuner récent, a jeté négligemment ces mots : « Quand j’étais président du Conseil, j’avais passé avec l’ennemi