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LA VICTOIRE

voqué la réunion parce qu’il n’a pas voulu prendre seul la responsabilité de statuer sur une proposition du général en chef. Pétain, qui est présent, demande l’évacuation des civils, dans une zone de cinq villages autour de Pont-à-Mousson. Cela représente un assez grand nombre d’habitants. Pétain craint des accidents par les gaz et surtout de la gêne pour les troupes en cas d’offensive allemande. Clemenceau redoute l’effet moral de l’évacuation. Je propose, et Lebrun m’appuie, que le général en chef s’entende avec Mirman pour l’évacuation silencieuse et le transport dans d’autres communes de Meurthe-et-Moselle. Adopté.

Lebrun résume un long rapport des services du blocus sur les conséquences de la défection russe. Toute l’œuvre du blocus sera détruite. L’Allemagne sera ravitaillée en céréales, en essence, en manganèse, en platine, en bois, etc.

Pichon donne lecture d’un télégramme de Noulens indiquant que les ambassadeurs alliés à Pétrograd se préoccupent de la question. Je fais remarquer que l’achat des stocks ne suffira pas pour sauver la situation. Il faudra les entreposer à l’abri des réquisitions maximalistes ; il est donc nécessaire de tenir le Transsibérien. Il faudrait reprendre et maintenir, en s’appuyant sur la question du blocus, la proposition faite ces jours-ci par Pichon d’une action des Alliés sur le Transsibérien. Les télégrammes partis du Quai d’Orsay et du ministère de la Guerre sont insuffisants. Je propose que Lebrun donne à Pichon les éléments d’une nouvelle intervention. Pichon accepte. Ainsi décidé.

Klotz et Sergent viennent me confier que l’emprunt n’a pas produit les sommes annoncées. Il a manqué près de deux milliards. Il a fallu recourir à deux expédients : une souscription de la Caisse des dépôts et consignations, et une avance faite