Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/111

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nerveux et préoccupé. Le ministre de la Guerre était plus soucieux d’étaler sa connaissance de l’anglais que de communiquer des informations utiles. D’un commun accord, Poincaré parlait dans sa langue natale et French dans la sienne. Je parlais les deux langues, as a go between. » M. Viviani avait, dans la circonstance, plus d’informations à recueillir qu’à donner ; et tous trois, nous étions un peu étonnés, je l’avoue, de trouver, chez nos deux interlocuteurs, si aimables qu’ils fussent, un flegme, que nous ne voulions pas prendre pour de l’indifférence, mais qui avait pour nous quelque chose de pénible, alors que notre malheureux pays, menacé d’être envahi et dévasté, pouvait être sauvé ou perdu, suivant la rapidité ou la lenteur des premières opérations.

À la fin de l’après-midi, nous apprenons qu’on a vu passer au-dessus de Belfort, venant de la vallée du Rhin, une trentaine de cigognes qui volaient prématurément vers le sud. Elles fuyaient la canonnade. Quand pourront-elles revenir sans l’entendre et se poser tranquillement en Alsace sur un sol français ?



51. De Saint-Pétersbourg, nos 431 et 432.
52. De Lisbonne, n° 31.
53. Télégrammes de Saint-Pétersbourg, nos 428 et 429.
54. Télégramme de Saint-Pétersbourg, n° 430.
55. Saint-Pétersbourg, n° 436.
56. Diary, vol. I, p. 17 et 18.