Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/119

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cherche à se consoler de cet échec en recommençant ses essais de pourparlers avec la Turquie12. Il voudrait qu’on dît à la Porte : « Si vous restez neutre, l’Angleterre, la France et la Russie, non seulement vous garantiront votre territoire, mais vous débarrasseront, en cas de victoire, de la tutelle oppressive que l’Allemagne vous a imposée dans plusieurs entreprises, notamment dans celle du chemin de fer de Bagdad. » Sir Ed. Grey, dont l’esprit ne reste pas inactif, a chargé sir Francis Bertie de transmettre à M. Doumergue une proposition analogue. Sans se faire de grandes illusions sur l’efficacité de cette démarche, le cabinet français y donne son adhésion, mais à peine a-t-il eu le temps d’expédier sa réponse que M. Isvolsky vient remettre à M. Doumergue une note complémentaire. C’est M. Sazonoff qui, dans ce post-scriptum, réclame la démobilisation préalable de la Turquie. Le gouvernement français estime que cette prétention est excessive et risque de tout compromettre. M. Maurice Bompard ne nous cache pas, en effet, que la Turquie penche de plus en plus vers l’Allemagne et que, si la première grande bataille est une victoire allemande, on aura beaucoup de mal à retenir le gouvernement ottoman dans une plus longue neutralité13.

En revanche, le Foreign Office a meilleure impression de ce qui se passe en Grèce14. Depuis quelques jours, paraît-il, le roi Constantin était assailli de lettres et de télégrammes de son impérial et tumultueux beau-frère. La reine Olga venait constamment à la rescousse. M. Venizelos, qui