Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/136

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minutes de joie, mais combien fugitives ! J’apprends vers midi que, dans la soirée d’hier 19 août, après un violent combat qui s’est terminé par un assaut à la baïonnette, les troupes françaises sont rentrées dans Mulhouse. La plus vive résistance de l’ennemi s’est produite, aux portes de la grande cité alsacienne, dans les jardins et les villas de Dornach, mais nous avons tout emporté et nos soldats ont passé la nuit dans la ville reconquise, qui a fêté avec enthousiasme leur retour inespéré.

D’autre part, M. Messimy annonce au Conseil des ministres que les Allemands ont évacué Longuyon et Briey et qu’ils se retirent en Lorraine devant les généraux Dubail et Castelnau. Au moment où le ministre de la Guerre nous fait part de cette heureuse nouvelle, elle n’est, hélas ! déjà plus vraie. La 93e division a dû se retirer sur le Donon ; le XIVe corps a perdu Schirmeck. Les Allemands prononcent, sur la 2e armée, une offensive générale qui rejette au sud de Bisping et de Dieuze ses deux corps d’armée de droite et la force à se replier tout entière. La 1re armée, qui a remporté hier et aujourd’hui de brillants succès à Sarrebourg et à Walscheid et qui reste, par elle-même, en mesure d’avancer, a dorénavant l’aile gauche découverte et reçoit du général en chef l’ordre de suivre le mouvement de retraite.

Ce qui se passe en Belgique n’est pas moins alarmant. M. Klobukowski est allé hier à Malines28. Il y a trouvé le coloneJ Aldebert et notre attaché militaire très émus. Le quartier général belge avait donné à toutes ses troupes l’ordre de