Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/155

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Le colonel Pénelon, qui faisait partie, le mois dernier, de ma maison militaire et qui est maintenant attaché au grand quartier général, arrive de Vitry au ministère de la Guerre. Il passe ensuite à l’Élysée. Je le prie d’insister encore auprès du général Joffre pour que la liaison soit plus rapidement et plus complètement établie avec le ministère et avec moi. Il me donne l’assurance qu’il en sera ainsi désormais. Il m’explique que les Allemands avaient fait de la position de Morhange un véritable camp retranché, puissamment fortifié par des travaux bétonnés et des réseaux de fils de fer. Notre armée d’attaque, commandée par le général de Castelnau, comprenait de droite à gauche le XVIe, le XVe, le XXe, le IXe corps. Le 2e groupe de divisions de réserve était maintenu en arrière sur les pentes du Grand-Couronné. Le 19 août, ordre était donné de marcher en avant. Le XVe corps pénétrait dans la jolie ville de Dieuze, acclamé par les compatriotes d’Edmond About et du mathématicien Hermitte. Les 6e et 23e bataillons de chasseurs enlevaient Vergaville ; la 29e division se portait vivement jusqu’à Biedesdorf, mais alors commençait un bombardement d’une violence inouïe, qui forçait le XVe corps à se replier sur Dieuze. Le XVIe corps avait déjà été refoulé la veille et il était à peine en voie de reconstitution. De ce côté, notre offensive était brisée, sans avoir pu se dégager de la région des étangs. Le gros du XXe corps s’était, au contraire, avancé très méthodiquement vers Morhange. Le lendemain 20 août, la 1re armée, commandée par le général Dubail, tentait de se porter sur Gosselmingen et sur Fenestrange, mais elle échouait. La 2e armée n’était pas plus heureuse. Le XVIe corps, assailli dans le