Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/186

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droite sur le col de la Chipotte, s’est solidement accroché au terrain. Il prépare une contre-attaque. D’autre part, notre 2e armée a reçu de Pont-Saint-Vincent, aujourd’hui à trois heures, cet ordre d’une simplicité grandiose, signé du général de Castelnau : « En avant, partout à fond ! » Nos XVIe, XVe et XXe corps ont pris énergiquement l’offensive et fait reculer les Allemands à Rozelieures, à Lamath, à Blainville, à Sommerviller, à Flainval. Ma pauvre Lorraine est de plus en plus ravagée. Crevic ct Gerbeviller ont été incendiés par les Allemands.

Un zeppelin a survolé Anvers cette nuit et a jeté huit bombes. Il y a eu une quinzaine de victimes, dont sept morts. M. Klobukowski télégraphie que les objectifs visés étaient le palais du roi, le grand Hôtel, où sont les ministres, et la poudrière5.

Dans la soirée, à vingt-deux heures, le général Joffre, stoïcien à la tête froide, adresse aux commandants d’armée, comme commentaire de son ordre de retraite, une instruction générale où il expose en quelques lignes le plan de la future bataille, telle qu’il la prévoit : « La manœuvre offensive projetée n’ayant pu être exécutée, les opérations ultérieures seront réglées de manière à reconstituer à notre gauche, par la jonction des 4e et 5e armées, de l’armée anglaise et de forces nouvelles prélevées dans la région de l’Est, une masse capable de reprendre l’offensive, pendant que les autres armées contiendront, le temps nécessaire, les efforts de l’ennemi. Dans son mouvement de repli, chacune des 3e, 4e, 5e armées