M. Wilson. Il y a en Amérique d’ardents amis de la France. Mais que pense le grand doctrinaire qui préside actuellement aux destinées des États-Unis ? Bien habile qui le pourrait dire, non pas même avec certitude, mais simplement avec vraisemblance.
À la tombée du soir m’arrivent de graves informations. Le général Lanrezac, voyant que la retraite des Anglais derrière l’Oise, entre Noyon et La Fère, découvrait l’aile gauche de la 5e armée, a lui-même sensiblement accentué son repli. Mais à ce moment, il a reçu du général Joffre l’ordre de se tourner immédiatement face à l’ouest et d’attaquer sur le flanc, dans la direction de Saint-Quentin, l’armée de von Klück, qui poursuit les Anglais et dont il doit à tout prix retarder la marche. Joffre attache une importance capitale à la bataille qui va s’engager.
Il a, en revanche, décidé, aujourd’hui même, de dissoudre l’armée d’Alsace, « les événements, a-t-il écrit, faisant de cette région un théâtre secondaire. » Il lui a, sans doute, bien coûté, après son patriotique salut à l’Alsace, de signer ce mot douloureux : un théâtre secondaire. Finie, hélas ! la belle et glorieuse aventure qui avait fait palpiter nos cœurs !