Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/231

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l’armée française doive reprendre l’offensive. » Huit jours, huit jours ! Avant huit jours, les Allemands ne seront-ils pas à Paris ? L’officier d’ordonnance du maréchal French m’explique que les Anglais ont perdu six mille hommes, des canons, des munitions et qu’ils sont très fatigués. La fin de la note du maréchal, pour bienveillante qu’elle soit, ne corrige malheureusement pas le sens négatif du commencement.

Contrairement aux nouveaux espoirs du G. Q. G., la situation de nos armées ne parait pas s’améliorer. De Lille, le préfet télégraphie qu’il y a à Cambrai 50 000 fantassins et 20 000 cavaliers allemands venus directement de Trèves sans avoir combattu. Ces troupes ont exigé leur nourriture pour quatre heures de l’après-midi et elles ont menacé de fusiller un tiers de la population mâle, si elles étaient l’objet de la moindre violence. Un lieutenant allemand, accompagné d’un soldat, vient de se présenter à la mairie de Lille. Il a annoncé, pour demain midi, l’arrivée d’un général et de deux divisions ; il a fait connaître l’intention d’occuper les forts. D’autres officiers allemands ont prévenu la municipalité de Douai que trois divisions allemandes traverseraient la ville cette après-midi, se dirigeant vers Hénin-Liétard. De son côté, le préfet du Pas-de-Calais informe le ministre de l’Intérieur qu’un corps d’armée allemand s’avance de Hénin-Liétard sur Lens et que la ville d’Arras est menacée d’être occupée.

Plus à l’est, l’ennemi est à une distance encore bien moindre de Paris. La 1re armée continue de progresser vers le sud, en plusieurs colonnes, sur les routes de Montdidier à Senlis et de Roye à Éstrées-Saint-Dews. Un corps de cavalerie a