Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Paris qu’il attaquera sans doute l’ennemi demain sur tout le front de la 6e armée. Les débarquements du IVe corps dans le camp retranché sont retardés par l’encombrement des voies ferrées ; ils ne seront terminés que le 7. Mais, dès aujourd’hui, des combats de détail se sont engagés. Des patrouilles allemandes ont tiré sur notre 276e régiment d’infanterie qui débouchait, sans se garder, du village de Villeroy. Nos troupes attaquées ont foncé sur l’ennemi et ont perdu plusieurs de leurs officiers d’active ou de réserve, entre autres, hélas ! Charles Péguy. Les 55e et 56e divisions de la brigade marocaine n’en ont pas moins pris Montgé, Plessis-aux-Bois et Charny.

Pendant que la 6e armée prélude ainsi à la grande bataille qui va commencer, une question inattendue agite le Conseil des ministres. J’avais rapporté au ministre de la Guerre la démarche que M. Paul Doumer avait faite auprès de moi mercredi, pour obtenir une mission aux côtés du général Gallieni. Millerand a jugé impossible de donner suite lui-même à ce désir. Mais M. Doumer s’est adressé directement au gouverneur de Paris, avec lequel il est très lié, et le général Gallieni a informé hier Millerand qu’à moins d’interdiction du gouvernement il avait l’intention de confier à M. Doumer, auprès de lui, la direction de certains services civils. Le ministre a répondu que le général Gallieni, ayant toute l’autorité et toute la responsabilité dans le camp retranché, était maître de prendre cette décision, s’il la jugeait opportune, et que le gouvernement n’avait pas à intervenir. Mais plusieurs membres du Conseil ont contesté la justesse d’une théorie qui paraît limiter les pouvoirs du gouvernement ; ils ont, en