Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/290

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points la ligne ferrée de Paris à Dieppe. Le préfet de la Seine-Inférieure nous signale des faits qui révèlent, une fois encore, l’inaction de l’armée d’Amade. Une troupe allemande de six ou sept cents hommes est arrivée en désordre de Doullens à Amiens, où elle a créé une commandantur. Les Allemands ont fait sauter le pont de Roye dans la région de Montdidier. Le préfet du Nord nous apprend que l’ennemi semble se diriger par Tournai sur Orchies et Valenciennes et se détourner de Lille.

Mais c’est surtout du G. Q. G. que nous attendons impatiemment des informations détaillées. Elles nous arrivent, l’après-midi et le soir, de plus en plus rassurantes. Le public va même pouvoir être renseigné maintenant sur la prodigieuse bataille qui s’est livrée, depuis le 6 septembre, de l’Ourcq à la Meuse et à laquelle le général en chef donne dès aujourd’hui un nom pour l’histoire : la bataille de la Marne. Dès le commencement de notre action, l’aile droite allemande, c’est-à-dire l’armée von Klück, qui avait atteint, le 6, la région située au nord de Provins, s’est vue obligée de se replier devant notre menace d’enveloppement. Par toute une série d’habiles et rapides mouvements, elle est cependant parvenue à se dégager de notre étreinte et elle s’est jetée, avec la majeure partie de ses forces, contre notre aile enveloppante, au nord de la Marne et à l’ouest de l’Ourcq. Mais les troupes françaises qui opéraient de ce côté, aidées par l’armée britannique, ont infligé à l’ennemi des pertes sérieuses et tenu bon le temps nécessaire pour permettre à notre offensive de progresser ailleurs. Les Allemands sont en retraite vers l’Aisne et vers l’Oise. Depuis quatre