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que, sur notre aile gauche et au centre, notre succès s’accentue et se tourne de plus en plus en victoire. Notre 1er corps de cavalerie, à la tête duquel le général Bridoux a remplacé le général Sordet, cherche, suivant les instructions qu’il a reçues, à couper les lignes de retraite de l’ennemi.

Nos amis belges sont ravis. M. Klobukowski a rencontré ce matin, à Anvers, sur la grande place des Lierres, le roi qui sortait du quartier général et qui lui a dit : « Cette bataille témoigne du coup d’œil qui distingue le général Joffre. Il a ordonné l’offensive au moment précis où elle pouvait réussir. L’armée belge fait, en ce moment même, un gros effort pour coopérer à l’action franco-britannique. Son rôle, dans les circonstances présentes, est d’inquiéter, d’entraver même les communications de l’ennemi. Elle n’y manquera pas16



15. Voir Messages et Discours, tome 1er, p. 16 et 17, Bloud et Gay, éditeurs.
16. D’Anvers, n° 382.


Samedi 12 septembre

Maintenant que les choses paraissent mieux aller, j’apprends par de nombreuses indiscrétions que, depuis quelques semaines, j’ai été, sans le savoir, dans certains groupes politiques, l’objet des critiques les plus passionnées et, d’ailleurs, les plus contradictoires. On tient aujourd’hui un langage différent. Mais hier, j’étais responsable de tout, de ce que je savais comme de ce que les ministres présents et passés m’avaient laissé ignorer, de ce que j’avais fait en 1912 à la présidence du Conseil, comme de ce qu’avaient fait avant moi ou de ce qu’avaient négligé de faire les gouvernements où je n’avais pas siégé. Insuffisance de l’armement et de l’équipement, absence d’artillerie