Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/300

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d’aller combattre. Il parle avec enthousiasme de la victoire que viennent de remporter nos armées ; mais à la pensée qu’il n’était pas là, une ombre fugitive passe dans la lumière de ses yeux bleus.


Lundi 14 septembre

Sénateurs et députés continuent à briguer des missions officielles. M. Jonnart en a reçu une de M. Ribot. Il a procédé à une inspection économique dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme, et il vient me rendre compte de son voyage. M. Ferdinand Dreyfus, sénateur, aurait le désir d’être envoyé en Italie, pour y enquêter sur l’état de l’opinion publique. Albert Thomas, à qui pèse son oisiveté, accepterait de rendre service n’importe où. Jamais les offres de concours n’ont été plus nombreuses et plus spontanées.

Millerand expose au Conseil des ministres que le général d’Amade a donné l’ordre d’évacuer Lille avec une inexcusable précipitation. Il avait, sans doute, reçu un coup de téléphone de Messimy, qui l’autorisait à considérer Lille comme ville ouverte, conformément à l’avis du Conseil supérieur de la Guerre et au projet de loi soumis à ln Chambre, conformément aussi, parait-il, à la demande du maire de Lille et de plusieurs représentants du Nord. Mais le ministre n’avait nullement prescrit une évacuation immédiate. Or, les troupes ont été retirées sans qu’on songeât même à enlever les fusils, les munitions et les approvisionnements. Millerand procède, en outre, ajoute-t-il, à l’examen particulier du rôle joué, en cette circonstance, par le général Percin, gouverneur de Lille.

Delcassé rend compte, avec un peu de confusion, des affaires extérieures. Le ministre d’Allemagne à