Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/301

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Athènes est allé voir le président du Conseil, M. Venizelos, qui vient de prendre le portefeuille des Affaires étrangères, et il lui a annoncé, comme « bonne nouvelle », que la Turquie et la Bulgarie alliées se disposaient à attaquer la Serbie, mais qu’elles n’avaient que des intentions amicales à l’égard de la Grèce. M. Venizelos a repoussé cette tentative grossière et répondu que la Grèce marcherait contre les pays qui attaqueraient la Serbie17. À Constantinople, des ingénieurs et des techniciens, envoyés d’Allemagne, procèdent, avec une grande activité, à la mise en état du Gœben et du Breslau, dont les chaudières sont avariées18.

Un des plus remarquables publicistes parisiens, venu pour s’enquérir de l’état d’esprit girondin, M. Eugène Lautier, rédacteur au Temps, me signale qu’un certain nombre de civils hongrois ont été internés à Bordeaux, notamment un député francophile, Michel Karolyi, deux de ses collègues, MM. Zlenoki et Friedrich, et un sociologue bien connu qui a, du reste, souvent parlé de la France, dans la Gazette de Voss, en termes injustes et malveillants, M. Max Nordau. Michel Karolyi est allé à Paris, au mois de juin, pour y chercher des appuis contre le comte Tisza, son adversaire politique, qui a assumé finalement, malgré ses hésitations du début, une grande part de responsabilité dans la guerre. M. Lautier trouve qu’il y a quelque paradoxe à maintenir Karolyi en captivité. Le gouvernement, auquel je soumets la question, prend la décision généreuse de libérer ces Hongrois, y compris Max Nordau, et de les diriger sur l’Espagne.